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LE VRAI FAUX DÉBAT SUR LE DÉVELOPPEMMENT ÉCONOMMIQUE DE LA CÔTE D’IVOIRE



Le débat sur le soi-disant surendettement de la Côte d’Ivoire s’est estompé à peine que celui sur son développement économique l’a remplacé, en prélude, peut –être, à la compagne électorale de 2025. Comme naguère, les profanes en économie multiplient les contre-sens et la démagogie facile sans aucune rationalité économique, les économistes idéologues s’adonnent à des affirmations erronées et les hommes politiques (sans background en économie) font des soi-disant démonstrations économiques, sans rationalité économique. Tout est bon pour capter l’attention du peuple, peu importe la logique développée ; Dans un tel débat, les vrais économistes, c’est-à-dire ceux qui s’en tiennent strictement à la rationalité économique, ont le devoir de dire la vérité scientifique (sans parti pris) pour éclairer le peuple que nul n’a le droit de tromper.

Certains économistes, devenus plus idéologues que scientifiques, pour avoir mal assimilé leurs leçons de troisième cycle et n’avoir pas non plus renouvelé leurs connaissances scientifiques depuis, au moins trente ans, ont affirmé que les taux de croissance économique réalisés par la Côte d’Ivoire n’étaient pas exacts ; mais, ils ont été incapables de le démontrer, mathématiquement, et de proposer une nouvelle approche pour le calcul du taux de croissance économique d’un pays.
 
Le taux de croissance économique est la variation, d’une année sur l’autre, du PIB (Produit Intérieur Brut) d’un pays ; il peut ne pas refléter totalement la réalité économique ; mais, on ne peut affirmer cela sans le prouver, c’est-à-dire sans calcul ni démonstration mathématique ; c’est la logique cartésienne de tout raisonnement scientifique.
Le PIB a été élaboré en 1934, par l’économiste américain d’origine russe, Simon Kuznets, comme étant la somme de toutes les Valeurs Ajoutées créées, pendant un an, dans un pays donné (PIB = ∑ VA).  Il est calculé, selon trois approches : par la production, la dépense ou le revenu (pour les spécialistes). Mais, cette formule, théoriquement rationnelle, comporte deux faiblesses : un biais scientifique et des difficultés de collecte des données statistiques, parfois :
- calculé habituellement comme la moyenne arythmique de toutes valeurs ajoutées créées dans un pays, le PIB comporte un biais scientifique ; il faudrait le calculer plutôt sous forme de moyenne géométrique, puisque les trois secteurs d’activités économiques ne contribuent pas, de façon identique, à la production dans un pays (cf., Djelhi Yahot in « Croissance économique sans développement en Afrique », 2019, édit., l’Harmattan, Paris). Mais, il n’est pas évident que, calculer le PIB sous forme d’une moyenne géométrique donnerait des taux de croissance économique inférieurs à ceux publiés jusqu’ici, pour la Côte d’Ivoire. Bien au contraire ;
-la collecte des données statistiques peut ne pas être toujours fiable ; mais, la Côte d’Ivoire est un des rares pays en Afrique dont les données statistiques sont fiables, car elle dispose de moyens humains (bien formés) et techniques performants en la matière.
Néanmoins, le PIB demeure un indicateur fiable qui permet de se faire, rationnellement, une idée de la réalité économique dans un pays donné, du moins au stade actuel de la Connaissance en théorie économique. Partant, dire que les taux de croissance économique de la Côte d’Ivoire ne sont pas exacts, est une affirmation gratuite, non scientifique.

Des journalistes profanes en Science Économique se délectent naïvement d’analyses économiques erronées d’activistes profanes et zélés, et des démonstrations erronées des hommes politiques et voient en eux les champions « qui sortiraient rapidement la Côte d’Ivoire du sous -développement économique ».
Ainsi, j’ai constaté qu’ils sont tombés en extase face à des démonstrations erronées d’un homme politique de premier plan qui a confondu infrastructures économiques, environnement économique, éducation, santé, et évalué, à tort, le développement économique de la Côte d’Ivoire par l’Indice de Développement Humain (IDH).
Or, du point de vue de la Science Économique, notre politicien, respectable pourtant, mais non économiste (puisqu’il l’a avoué lui-même à un meeting public), n’a dit que des énormités. En effet, dans le jargon économique, les infrastructures économiques se sont les ponts, les routes, les ports, aéroports, les télécommunicateurs, les barrages hydroélectriques, les installations photovoltaïques ; l’éducation, la santé, la sécurité sont des biens publics au même titre que les infrastructures économiques, sauf qu’elles ne sont pas des infrastructures économiques. Et ces biens publics sont principalement produits par l’État pour trois raisons : leur consommation par un individu ne réduit pas la consommation des autres consommateurs ; celui qui les produit ne peut empêcher celui qui ne contribue pas à son coût de production, d’en consommer (sauf dans quelques cas spécifiques où le développement technologique le permet, de nos jours) ; leur coût de production est très élevé et l’amortissement se fait sur le long terme voire le très long terme.
L’environnement économique, c’est l’ensemble des facteurs exogènes(externes) à l’économie qui influencent le comportement des agents économiques (ménages et entreprises), qui impactent donc l’activité économique dans un pays. Par exemple, le cadre juridique, les procédures administratives, la corruption etc. Mais, l’environnement économique n’est pas un bien public, et les infrastructures économiques, quoique biens publics, ne s’appellent pas éducation, santé ou sécurité, en Science Économique ; les biens publics ne sont pas non plus des facteurs de production, ils sont des biens publics, c’est tout.

J’ai lu dans la presse ivoirienne que le même homme politique a jugé le développement économique de la Côte d’Ivoire à partir de son IDH ; ainsi, il aurait ironisé sur le niveau du développement du pays par son mauvais classement en 2023, qui la situe au 168 ième rang mondial sur 193 pays. Mais, il ignore que, dans le même classement par IDH, les États-Unis, le pays le plus développé au monde (sauf à démontrer le contraire) sont classés 20 ième et  sont devancés par  Hong kong (4 ième), le Danemark ( 5 ième), l’Allemagne( 7 ième),  (Singapour( 9 ième), la Belgique ( 12ième), la Nouvelle Zélande( 16 ième) ; que la Chine, la seconde économie du monde, est classée 75 ième par classement IDH, derrière les pays comme Chypre( 29 ième),le Chili( 44ième),le Bahamas( 59 ième),le Bélarus ( 69 ième), la Bulgarie(70ième) et que le Japon, troisième économie du monde occupe le 24 ième rang( dans le classement par IDH), derrière Hong Kong( 4ième), la Finlande ( 12 ième),la France (28 ième), la Corée ( (19 ième) etc.
Dans ce classement des pays par IDH, la Côte d’ivoire qui est classée au 168 ième rang, derrière la Libye (92 ième), le Gabon (123 ième), le Botswana (114 ième), le Cap Vert (131 ièe), la Namibie (142 ième), la Guinée Équatoriale (133 ième), le Cameroun (151 ième), le Kenya (146 ième), le Congo (149 ième), la Zambie (153 ième), les Comores (152 ième), Haïti (158 ième ), la Mauritanie ( 164 ième),  le Zimbabwe( 159 ième), n’est pas moins  développée que tous ces pays.

L’IDH est un indice composte qui prend en compte, dans un pays, le niveau de scolarisation et d’instruction, l’espérance de vie et le PIB/per capita ; il a été élaboré en 1990, par Amartya Sen, l’économiste indien, Prix Nobel d’Économie en 1998, et l’économiste Pakistanais Mahbub ul-Haq, et non par le PNUD qui ne fait qu’en faire usage. Il permet de se démarquer, un tant soit peu, dans l’appréciation du niveau de développement économique d’un pays, du concept comptable de revenu (aspect quantitatif) pour prendre en compte l’aspect qualitatif en termes de décisions de politiques économiques centrées sur le développement de l’homme. L’idée, pour ses auteurs, était de convaincre que l’on ne doit pas évaluer le développement, uniquement par des avancées économiques quantifiables, mais également, par l’amélioration du bien-être des populations. L’IDH ne remets donc pas en cause le concept de PIB, comme mesure du développement économique, mais le complète.
 
La croissance économique est mesurée par la variation du PIB quand l’IDH indique le degré d’amélioration du niveau d’instruction et de l’espérance de vie qui ne traduit pas forcément un niveau élevé de création de richesse, donc de développement économique ; il ne mesure pas non plus, le degré et la qualité de la transformation structurelle et sociale dans un pays, n’intègre pas la qualité des biens consommés (qualité de l’alimentation des populations, par exemple) et le bien –être par habitant. Partant, s’appuyer uniquement sur l’IDH, pour juger le niveau de développement économique d’un pays, (en l’occurrence la Côte d’Ivoire), c’est ne rien comprendre en matière de développement, en théorie de la croissance économique et dans le processus du développement économique d’un pays
La vérité, c’est qu’en Sciences Économiques, le développement économique s’acquiert à travers la croissance économique (cf, la théorie de la croissance économique enseignée dès la troisième année d’études en Science Économique), en d’autres termes, par la création de richesse mesurée par le Product intérieur Brut (PIB) au cours d’une période, généralement, une année.

 Le développement, du point de vue de la Science Économique, ce sont les transformations structurelles, sociales, mentales et culturelles qui résultent de la croissance économique. Or, cette croissance économique est mesurée par le PB total qui est la somme de toutes les valeurs ajoutées dans un pays. Cela prouve bien qu’apprécier le développement économique de la Côte d’Ivoire par l’IDH est totalement erroné.  Dans le classement des pays par PIB, la Côte d’Ivoire est classée loin, devant la plupart des pays mieux placés rapport à elle, dans le classement par IDH ; que celui qui n’est pas d’accord avec cette affirmation qui n’est rien d’autre qu’un constat sur le classement en question, démontre que la Côte d’Ivoire est moins développée que le Burkina Faso, le Niger, le Mali, Haïti, la Mauritanie, la Namibie, les Comores, le Congo, la Zambie etc.
 
La théorie économique explique que sans croissance économique, il n’y a pas de création de richesse, et sans création de richesse, il n’y a ni bien-être ni amélioration de bien-être. Conséquence logique, l’IDH procède d’abord et avant tout du PIB. Par conséquent, c’est le PIB qui détermine le mieux le niveau de développement économique (création de richesse) d’un pays.
 
Les institutions de Bretton Woods (FMI, Banque Mondiale), nettement plus qualifiées que le PNUD en matière de rationalité et d’analyse économiques, classent les niveaux de développement économique des pays du monde par leur niveau de PIB ou par leur PIB par habitant; mais, le calcul du PIB par habitant ( qui est le niveau moyen de richesse des populations ) ne révèle  pas la variance, c’est -à- dire la dispersion autour de cette moyenne qu’est le PIB per capita, de sorte qu’il n’indique nullement les distorsions  et inégalités dans la répartition de la richesse nationale créée, dans un Pays. Toutefois, c’est un indicateur économique rationnel du point de vue de la création de richesse quantifiable, dans un pays.

 Avec un PIB de 79.430 milliards de dollars américains, en 2023(cf., publications du FMI), la Côte d’Ivoire a créé nettement plus de richesse que la plupart des pays africains (mieux classés qu’elle dans le classement par IDH) tels que le Cap Vert (2.598 milliards de dollars américains de PIB), les Comores (1.364 milliards de dollars américains de PIB), le Congo (14.407 milliards de dollars américains de PIB), le Gabon (19. 319 milliards de dollars américains de PIB), la Guinée Équatoriale (10.041 milliards de dollars américains de PIB), la Lybie (40.194 milliards de dollars américains de PIB), Haïti (25.986 milliards de dollars américains de PIB), la Mauritanie (10.357 milliards de dollars américains de PIB), la Zambie (29.536 milliards de dollars américains de PIB), le Zimbabwe (32.424 milliards de dollars américains de PIB) ; la Côte d’Ivoire a donc un niveau de développement économique nettement plus élevé que tous ces pays africains ayant réalisé un IDH relativement plus élevé qu’elle (cf., la liste ci-avant).
 
Pour le classement par PIB/ hab., les institutions de Bretton Woods distinguent trois groupes : pays pauvres à revenu faible (PIB/hab inférieur à 1035 dollars), pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (PIB/hab entre 1036 et 4045 dollars), pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure ( PIB/ hab entre 4046 et 12535 dollars) et pays à revenu élevé ( PIB/hab supérieur à 12535 dollars). Ce classement reflète plus la réalité économique et est donc plus fiable. Avec un PIB par habitant de 2493,46 dollars en 2023 (cf., FMI), la Côte d’Ivoire fait partie des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure.
                                                                                                      Dr Molière Djelhi Yahot
                                                                                            Ancien professeur d’Économie à l’ENA



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