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INTERVIEW DE MONSIEUR TIDJANE THIAM : COMPARAISON N’EST PAS RAISON



Dans l’interview qu’il a accordée à Alain Foka, monsieur Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, a donné des épithètes aux français, aux suisses et à des ivoiriens que je m’interdis de répéter ici, pour convenances personnelles et par éducation ; j’estime qu’il appartient aux concernés d’apprécier ces propos ; par contre, je me pose la  question lancinante suivante :  quelle était la couleur de la peau de monsieur Thiam quand il était étudiant, puis recruté comme cadre en France et directeur général du Crédit suisse, en Suisse ?
Je veux lever ici, sans craindre du moindre démenti que, de mémoire d’observateur attentif de la vie politique ivoirienne depuis quarante ans, ni le vénérable Houphouët-Boigny ni Henri Konan Bédié (trainés dans la boue pendant des décennies), les prédécesseurs de monsieur Thiam, à la tête du PDCI-RDA, n’ont jamais tenu les propos contenus dans son interview ; c’est, sans doute, une nouvelle méthode et un registre de langage nouveau que les militants de son parti et les ivoiriens jugeront.
Les premiers de classes ou de promotions, de l’école primaire à l’université, il y en a eu par milliers en Côte d’Ivoire, depuis que les colons français ont introduit l’école en Côte d’Ivoire ; mais, parmi eux, il y a, « des premiers « qui ont produit des travaux scientifiques remarquables dans les grands magazines scientifiques ou ont fait des découvertes scientifiques ; pour l’instant, on ne sait pas si monsieur Thiam fait partie de ses brillants scientifiques et savants inventeurs.
Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, exclus des élections présidentielles de 2000, par le duo Robert Guéi-Laurent Gbagbo, pour que le pouvoir reste à l’Ouest de la Côte d’Ivoire, quelle que soit l’issue du vote, avaient encaissé leur élimination sans remous ni invectives ; et Ouattara, objet d’injures lui aussi, n’y a jamais répondu, publiquement.
Chez nous, au pays Baoulé, précisément, dans la Vallée du Bandama, il y a des mots qui ne doivent pas sortir de la bouche du chef, censé incarner mesure et sagesse ; ainsi, il ne dira jamais qu’une personne est b…, il dira simplement qu’elle est « compliquée » ; à propos d’une jolie femme, il dira qu’elle est « propre ». Evidemment, dans la vie, chacun fait librement des choix et en assume l’entière responsabilité.

Par contre, parce que docteur en économie et spécialiste d’économie monétaire et travaillant dans le secteur financier et monétaire depuis quatre décennies, je voudrais relever ici, un certain de choses relativement à certaines insinuations voire affirmations de monsieur Thiam, dans son interview.
      Dans tous les pays du monde, la banque centrale (banque de premier rang) est au-dessus des banques commerciales (ou banques de second rang) qu’elle approvisionne en monnaie, encadre, et dont elle contrôle la gestion; dans les pays de l’UEMOA, la Commission bancaire de la BCEAO (la banque centrale) contrôle les banques commerciales ; le gouverneur de la banque centrale est donc « le patron » au-dessus des directeurs généraux de banque commerciale.

    Alassane Ouattara, gouverneur de la BCEAO, pendant de nombreuses années, comme les autres gouverneurs de banque centrale, a géré des trillions de milliards en FCA, en dollars ou en euros, plus que n’importe quel directeur général de banque commerciale ou d’entreprise privée au monde ; 
Le FMI, chargé de surveiller et d’encadrer le système monétaire international, est au –dessus du système monétaire des pays membres ; là-bas, les économistes conduisent des études, plus souvent économétriques, pour apprécier le fonctionnement du système international, prévoir les perturbations de balance des paiements ou les désalignements éventuels des taux de change, et donner des directives ; c’est un travail académique et empirique scientifique qui requiert le doctorat en économie monétaire, et nettement plus intellectuel que la gestion  d’une banque privée. ;  
 Gérer une banque, c’est appliquer, mécaniquement, les ratio prudentiels de gestion bancaire déjà élaborés par les grands économistes (Pareto, Modigliani, Friedman, Akerloff, Samuelson, Fisher, Rogoff, Benanke, etc.) et dont les travaux ont permis au Comité de Bâle, de définir le ratio cooke  (encours des prêts accordés par une banque par rapport à ses fonds propres)  qui permet aux banques commerciales de maximiser leurs capacité financières et de maintenir leur solvabilité.

Gérer une entreprise procède de principes microéconomiques de maximisation, à savoir appliquer, mécaniquement, les ratios de structure financière et autres ratios de rentabilité, déterminés déjà, par les grands économistes, que l’on trouve les livres de gestion et enseigne dans toutes les facultés de sciences économiques ou dans les grandes écoles ; celui qui les applique n’en est pas l’auteur. Le seul véritable mérite d’un bon chef d’entreprise, c’est d’avoir l’honnêteté de les appliquer scrupuleusement. 
Dans une entreprise privée, le chef gère un personnel (des dizaines ou des centaines de milliers) sous ordre, quand, dans la gouvernance d’une multinationale, qui est aussi honorable, on a affaire à des effectifs nettement plus importants ; dans la gouvernance d’un pays, on fait face à des millions de citoyens libres (dont des indociles) non caporalisés.

Le doctorat (dont le Président Ouattara est titulaire en économie) est un diplôme de troisième cycle, donc académiquement bien supérieur à   tout diplôme d’ingénieur, qui est un diplôme de second cycle et sans commune mesure avec le doctorat.
Partant, le parcours académique de monsieur Alassane Ouattara (effectué aux USA qui ont enfanté 90 % ,au moins, des Prix Nobel d’Économie), sa carrière professionnelle (économiste au FMI et à la BCEAO, gouverneur de la BCEAO, premier africain directeur général adjoint du FMI) et son parcours politique (premier ministre, puis président de la République) sont, sans commune mesure, avec ceux de monsieur Thiam – bien que honorables - tels qu’esquissés par l’interné lui-même, quand on sait qu’il est entré en politique,  il y a moins de deux ans.
Dans la vie publique (et dans la vie tout court), pour être audible – même dans l’adversité - la logique commande de dire ce qui est vraisemblable, et de comparer des choses qui sont comparables ; et pour être crédible, il faut allier le savoir-faire au savoir. 
                                                                                                                       Dr Jean DIGGLI
                                                                                                             Ancien professeur d’Économie
                                                                                                             Ancien haut fonctionnaire



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